LA CORSE EN 500 PAGES

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L'Extrême Sud

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L’extrême sud de la Corse, avec ses plages aux décors idylliques, est une des destinations préférées des touristes. Cependant, il ne faut pas oublier que cette région fut aussi un important lieu d’histoire, ce qui lui confère une identité particulière. Porto-Vecchio, dont le nom signifie en langue corse « le vieux port », est aujourd’hui la capitale touristique de l’île. 
 La ville de 10 800 habitants voit sa population multipliée par huit en été et reçoit parfois jusqu’à 150 000 visiteurs en une journée. Il faut cependant dépasser le cadre de la carte postale pour s’apercevoir que la ville possède un vécu historique certain. Elle fut choisie comme place forte par les génois, qui débutèrent sa construction en 1539. Cependant, elle fut victime de la malaria, fléau de la région à l’époque, et des diverses invasions qui la détruisirent quatre fois. Porto-Vecchio sera reconstruite sous Napoléon III, dans un objectif de remise en valeur du versant oriental de l’île. Les marécages furent assainis et les salins aménagés, permettant à la ville de devenir la capitale du sel en Corse. Le tourisme débute au XIXème siècle et est le point central de l’économie aujourd’hui. Enfin, le risque lié au paludisme disparaîtra totalement après la Seconde Guerre Mondiale. L’historique de Porto-Vecchio est encore présent dans ses constructions actuelles : la citadelle d’architecture génoise et les marais salants se visitent. Ces derniers sont encore en activité et produisent environ 900 tonnes de sel par an. Les environs de Porto-Vecchio sont des lieux d’histoire ancienne, puisqu’ils abritent des vestiges de la civilisation torréenne. On trouve les vestiges les plus importants à Cucuruzzu et à Torre. La forêt avoisinante de l’Ospedale offre de nombreuses possibilités de randonnée. Par exemple, la Punta di à Vacca Morta offre une large vue panoramique sur le golfe de Porto-Vecchio. Notons enfin que les environs de Porto-Vecchio servirent de cadre à la nouvelle tragique de Mérimée, Mateo Falcone.

L’Alta Rocca est surnommé « la terre des seigneurs ». La famille della Rocca s’allia tantôt aux pisans, aux génois ou aux aragonais, et acquit un grand pouvoir dans tout le sud de l’île. Le château d’Aullène fut ainsi construit par Giudice di Cinarca. C’est une région de moyenne montagne, qui recèle de trésors de l’art roman, comme par exemple l’église San Giovanni Battista à Carbini, qui abrita la secte des Giovanelli, ou encore l’église pisane de Quenza. Les sites préhistoriques de l’Alta Rocca sont d’une grande importance. C’est là qu’a été découverte la « dame de Bonifacio », premier squelette humain trouvé en Corse, daté de 6570 avant notre ère. Le musée de Levie offre un tour d’horizon complet de ce que fut l’époque préhistorique en Corse. Dans les environs, la cité médiévale de Castello de Capula fut construite sur un site préhistorique dont on peut encore admirer les pierres levées armées. Le massif de Bavella, avec ses aiguilles pouvant atteindre 900 mètres de hauteur, est un lieu de randonnées et d’escalade idéal. Les roches ciselées sur lesquelles jouent la lumière et la forêt classée réserve naturelle (suite à de très graves incendies) sont le cadre d’une longue promenade qui nous emmène jusqu’au col de Bavella, qui révèle un extraordinaire paysage. Une statue de la Vierge entourée d’ex-voto a été édifiée au sommet du col et marque la fin du parcours.

Bonifacio, à l’extrême sud de l’île, est une des villes corses les plus impressionnantes. Elle aurait une origine légendaire, puisqu’elle est citée dans l’Odyssée. Les Lestrygons (des géants habitant Bonifacio) auraient tenté de couler la flotte d’Ulysse.

Elle était connue des Grecs, qui y pratiquaient le commerce au VIème siècle avant notre ère. Ceci dit, il ne nous reste que très peu d’éléments permettant d’établir une chronologie précise de l’histoire antique de la cité. La cité telle que nous la connaissons naît avec le marquis Boniface II de Toscane en 828, qui se rendra maître des lieux et donnera son nom à la ville. Bonifacio peut être considérée comme une ville à part dans l’histoire de la Corse. Son dialecte même diffère de la langue Corse, et est une variante du Ligure et du Toscan. La ville fut plus ou moins considérée comme une république indépendante sous l’occupation génoise : elle était autorisée à rendre justice et battre monnaie, signes d’une relative autonomie au Moyen Âge. Elle avait même une assemblée. Cependant, elle sera souvent attaquée par les ennemis de Gênes. Les aragonais l’assiégèrent en 1420, mais ils furent repoussés. On raconte que ces derniers creusèrent en une nuit l’escalier taillé dans la roche qui porte leur nom. Les troupes françaises d’Henri II alliées à Sampiero Corso assiégèrent également la ville en 1553 et réussirent à la prendre, avant qu’elle ne soit rendue aux génois par le traité de Cateau-Cambrésis en 1558. Ils reconstruirent les fortifications, qui sont celles que nous pouvons voir aujourd’hui. Bonifacio perdra son indépendance avec le reste de la Corse en 1768. Son activité déclina aux cours du temps, pour se redresser avec l’essor du tourisme, qui permit par ailleurs de réhabiliter certains quartiers de la ville.

L’histoire de Bonifacio se découvre au gré des nombreux monuments : nous pouvons évoquer toute la ville haute et ses ruelles chargées d’histoire, l’église Saint Dominique, une des rares églises gothiques de Corse, ou encore l’escalier du roi d’Aragon. Les environs de Bonifacio sont tout aussi intéressants et permettent de découvrir de très beaux sites marins et sous-marins. La promenade la plus connue est celle de la grotte du Dragon (Sdragonato en corse), au fond tapissé d’algues colorées, et la grotte de Napoléon, qui doit son surnom à son ouverture en forme de tricorne. Le cimetière marin offre quant à lui une vue imprenable sur la Sardaigne et les bouches de Bonifacio. Les îles Lavezzi sont ce qui reste de l’isthme qui reliait la Sardaigne à la Corse il y a des millions d’années. Peu élevées, elles se composent en majorité de granit. On a aujourd’hui des preuves que ces îlots, longtemps redoutés des marins, étaient habités lors de l’époque préhistorique, ainsi que sous l’antiquité romaine. Une chapelle y a également été construite au VIIème siècle. Le naufrage de la Sémillante en 1855, raconté par Alphonse Daudet, fera 773 victimes et contribuera à la mauvaise réputation de l’archipel. Les îles Lavezzi, contrairement à leurs voisines des Cavallo, sont également une grande réserve naturelle regroupant plus d’un millier d’espèces. Elles sont intégrées au parc marin international et sont gérées à la fois par la France et l’Italie.
bonifacio